Lorsqu’on termine ses études ou qu’on amorce un virage professionnel, une question revient souvent : est-ce que je devrais chercher un emploi salarié ou me lancer à mon compte? Derrière cette décision se cachent plusieurs considérations, dont une qui est parfois sous-estimée : l’impact fiscal.
Un travailleur autonome est une personne qui exerce une activité professionnelle pour son propre compte, sans être liée par un contrat d’emploi à un employeur.
Il peut s’agir d’un consultant, d’un artisan, d’un pigiste ou de toute autre personne offrant des services ou produits à des clients, de manière indépendante. Contrairement à un salarié, le travailleur autonome assume seul la responsabilité de ses revenus, de ses dépenses, de sa comptabilité et de ses obligations fiscales. Il choisit ses contrats, fixe ses tarifs et organise son travail à sa manière, mais doit aussi gérer les aspects administratifs et financiers de son activité.
Être salarié ou travailleur autonome, ce n’est pas seulement une affaire de style de vie ou de liberté. Chaque statut comporte des implications bien précises sur le plan des impôts, tant au niveau fédéral qu’au provincial. Voici un tour d’horizon clair pour comprendre les principales différences et faire un choix éclairé, selon ta réalité.
Un employé est une personne qui travaille pour un employeur en échange d’un salaire, selon les conditions prévues par un contrat de travail. Il est intégré à l’organisation de l’entreprise et est soumis à ses directives quant aux tâches à accomplir, aux horaires et au lieu de travail. Sur le plan fiscal, c’est l’employeur qui s’occupe de retenir et de remettre les impôts et les cotisations (comme l’assurance-emploi et le régime de retraite) aux autorités gouvernementales. L’employé bénéficie donc d’une structure encadrée et d’une certaine stabilité, tant au niveau du revenu que des démarches administratives.
Le statut d’employé est généralement synonyme de simplicité en matière fiscale. En tant que salarié, ton employeur déduit automatiquement de ta paie l’impôt fédéral, l’impôt provincial, les cotisations à l’assurance-emploi ainsi qu’au Régime de pensions du Canada ou au Régime de rentes du Québec. Ces montants sont ensuite remis aux autorités fiscales compétentes.
À la fin de l’année, tu reçois un feuillet T4 (et un Relevé 1 au Québec) qui indique clairement les revenus perçus ainsi que les montants déjà versés en impôt. Il ne te reste qu’à produire ta déclaration en utilisant ces informations. Le risque d’erreurs est faible et la charge administrative est minime.
Toutefois, cette simplicité a son revers : les possibilités de planification fiscale sont limitées. À moins de travailler à domicile ou d’avoir des frais médicaux ou des cotisations à des REER, tu ne pourras pas déduire grand-chose. Le système est conçu pour que tout soit déjà réglé à la source, avec peu de marge de manœuvre.
Choisir de travailler à son compte, que ce soit comme consultant, artiste, artisan ou pigiste, signifie que tu deviens responsable de toute ta gestion fiscale. Tu dois produire ta déclaration de revenus en tant que particulier, mais avec l’annexe T2125 pour l’ARC et l’annexe L pour Revenu Québec, afin de déclarer les revenus et les dépenses liés à ton activité.
Ce statut présente plusieurs avantages. L’un des plus intéressants est la possibilité de déduire un large éventail de dépenses nécessaires à l’exercice de tes fonctions : local ou bureau à domicile, matériel informatique, déplacements professionnels, publicité, assurances, frais de téléphone, etc. Ces déductions peuvent réduire considérablement ton revenu imposable, à condition que les dépenses soient raisonnables et bien documentées.
Un autre avantage est la flexibilité que tu gagnes sur le plan fiscal. Avec une bonne organisation, il est possible de répartir tes revenus et dépenses de manière stratégique d’une année à l’autre, ou de t’incorporer si la croissance de ton entreprise le justifie.
Cela dit, ce statut exige aussi une grande rigueur. Tu dois toi-même calculer et payer tes impôts, souvent sous forme d’acomptes provisionnels trimestriels si ton solde d’impôt dépasse 3 000 $ (au fédéral ou au provincial). Il faut également tenir une comptabilité à jour, conserver tes factures et te familiariser avec les règles fiscales propres aux travailleurs autonomes.
Si ton chiffre d’affaires dépasse 30 000 $ dans une période de 12 mois, tu devras aussi t’inscrire aux fichiers de la TPS et de la TVQ, percevoir ces taxes auprès de tes clients et les remettre à Revenu Québec.
En somme, le statut d’employé permet de bénéficier d’un encadrement structuré, d’une certaine sécurité financière et d’une tranquillité d’esprit sur le plan fiscal. Les obligations sont simples, les retenues sont faites à la source, et les risques d’erreurs ou d’omissions sont généralement limités. C’est une voie qui convient particulièrement à celles et ceux qui privilégient la stabilité et souhaitent se concentrer pleinement sur leur travail, sans trop se soucier des aspects administratifs.
À l’inverse, le statut de travailleur autonome ouvre la porte à une plus grande autonomie, à des possibilités de déductions fiscales plus étendues et à une gestion sur mesure de son activité. Mais cette liberté s’accompagne d’une responsabilité accrue : il faut être bien organisé, comprendre ses obligations fiscales et s’assurer de respecter les échéances. C’est un mode de travail qui convient aux personnes proactives, structurées et à l’aise avec une certaine dose d’incertitude.
Il n’existe pas de choix universellement meilleur que l’autre. Tout dépend de ta personnalité, de tes objectifs professionnels et du mode de vie que tu souhaites adopter. Ce qui compte, c’est de bien comprendre les implications de chaque statut avant de s’engager.
Une bonne compréhension des règles fiscales — et idéalement l’accompagnement d’un professionnel — peut faire toute la différence pour partir du bon pied, peu importe la voie choisie.
Si tu hésites ou que tu envisages une transition d’un statut à l’autre, n’hésite pas à consulter un professionnel de la fiscalité. Un bon accompagnement peut faire toute la différence.